dimanche 22 avril 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - la fin du voyage





Jour 9 : BODHNATH

Ce matin nous partons pour le plus grand stupa du pays. Je suis impatiente d'approcher un lieu sacré du bouddhisme. Le monument, qui a été restauré depuis le tremblement de terre de 2015, est vraiment impressionnant. Les yeux  peints  à sa surface semblent nous fixer. Les drapeaux de prières fixés en haut du dôme semblent vibrer sous l'effet de la bise. Il faut tourner dans le sens des aiguilles d'une montre autour du stupa. Et faire tourner les moulins à prières.

Je ne sais pas trop le type de prières qu'il convient de faire mais je prie très sincèrement pour une vie remplie d'amour. Savoir en donner plus, savoir en recevoir. Un monde rempli d'Amour me semble la plus belle prière à adresser à l'Univers et cela correspond bien à ce lieu. Ici, les hôtels s'appellent : "Hapiness Hôtel", "Friendship Home Stay", "Peace Hotel"... Je prie aussi pour des amies qui espèrent tant la venue d'un petit bébé.

Nous entrons, après nous être déchaussées, dans un monastère. Des moines tibétains prient; les chants résonnent; un gong ponctue leurs prières. Je suis un peu gênée de visiter un lieu sacré dont je ne maîtrise pas les codes, je ne voudrais pas commettre d'impair. Je suis en même temps extrêmement heureuse de me trouver là.  Je pensais, il y a peu de temps encore, ne jamais voir ce type d'endroit qu'à la télé ou au cinéma ("Mange, Prie , Aime"* a surement contribué à mon désir d'évasion!). Nous ressortons rapidement, cela nous semble plus respectueux.

Autour du stupa, des chiens endormis, beaucoup de pigeons, quelques mendiants, des touristes locaux et occidentaux, quelques moines aussi.

Après nos deux premiers tours, nous faisons une pause devant un panneau explicatif : le monument forme un mandala seulement visible par Bouddha, le dôme symbolise l'univers, les hommes y déposent une peinture ocre,


les deux yeux, le nez est le symbole du nirvana; les 13 marches avant d'arriver au lotus pour représenter la compassion et la pureté; le parasol protége Bouddha, Dharma et Sangha et tout en haut, le roi de toutes les montagnes.
Puis nous enchaînons les tours pour étudier les boutiques, cela me donne le tournis et provoque à nouveau un léger sentiment de gêne. J'achète un bol chantant tibétain artisanal, cela me semble être le bon endroit.

Nous mangeons sur un toit- terrasse avec une belle vue sur le stupa et nous choisissons encore une fois des momos, spécialités tibétaine.

Puis nous nous décidons à rejoindre à pied le monastère de Kopan. Nous ne cessons de demander notre route "Kopan gompa??". Le lieu nous offre une vue dégagé sur Katmandou mais la balade n'a pas grand intérêt et le monastère n'est pas ouvert au public.


De retour à l'hôtel, nous sommes crevées. Un échange avec mon mari et mon fils me redonne un peu d'énergie. Nous repartons pour Thamel, le quartier touristique de la capitale, afin de faire quelques emplettes avant le repas : un pashmina pour mes futures séances de yoga, du miel de l'Himalaya pour mon père, du café pour mon mari, un bouddha se reposant sur sa jambe pour moi, un rieur pour mon frère. Horreur, les cinquante euros que je viens de changer ont disparu, il ne me reste même plus de quoi payer mon repas!

Jour 10 : sans titre

Pour notre dernier jour, nous nous lançons un nouveau défi : prendre un bus pour rejoindre Baktapur. D'abord, traverser Thamel. Puis trouver Ratna parc. L'agitation, la poussière, sans cesse les coups de klaxon, manquer de se faire écraser....marcher dans Katmandou est une épreuve! A Ratna parc, seulement des bus locaux; certains sont tout petits bleus à 3 roues avec deux petites banquettes parallèles à la route : nous ne monterons pas dans ces engins qui ne ferment même pas. Nous hésitons à nous rabattre sur un taxi mais c'est la fin du séjour, je n'ai plus beaucoup d'argent. Le taxi coûte environ 800 roupies quand un billet de bus en vaut 25!

Nous persévérons et trouvons une autre place au delà des passerelles aériennes surplombants les plus gros axes, totalement infranchissables à pied. Nous montons à bord, sans être totalement sûres d'embarquer pour la bonne destination. J'ai moins peur qu'en voiture: je ne vois pas la route.
Baktapur est plus calme il y a moins de véhicules mais  beaucoup plus de touristes et notamment des français!

Le Durbar square** est impressionnant, le reste de la ville aussi. Mais si le travail de chaque morceau de bois, les sculptures monumentales en pierres font des temples comme de chaque maison newar une merveille, c'est les stigmates du tremblement de terre qui me marquent le plus. La reconstruction est active mais elle peine à masquer les dégâts.




Des femmes battent le riz.

Des vaches et des chèvres se baladent.

Nos croisons aussi des manifestations politiques.... Je trouve enfin le petit yak que je veux acheter à mon fils! Le quartier des potiers est vivant, un homme fait tourner une pierre à l'aide d'un grand bâton et lorsqu'elle est lancée se jette sur un morceau de terre pour réaliser des pots de terre d'une incroyable régularité!


Les façades de certaines rues étroites semblent ne tenir que grâce à quelques étais posés entres elles! Le décor majestueux de cette ville hors du commun (que l'on peut retrouver dans le film "Little bouddha") fini par opérer sur moi.

Nous rentrons en taxi et trouvant encore la force de déambuler dans Thamel pour les derniers achats. Du thé pour ma sœur, un bracelet pour ma mère, des drapeaux de prières... Ce soir, nous nous offrons un beau restaurant, dans une petite cour charmante, avec des musiciens. Coca, pizza, thé. Pas très typique, tant pis. Je n'en peux plus des Daal Bhat et des currys,  même les momos ne me font lus envie. Pas de chance, alors que c'est notre repas le plus cher, mon amie est malade dans la nuit. Elle soupçonne la pizza, moi je pencherais plutôt pour le masala chaï*** Elle qui était contente pendant le repas de ne pas avoir été malade de tout le séjour. De mon côté, je suis heureuse et étonnée de n'avoir mal nul part malgré la marche, le sac à porter. Durant la nuit, j'ai eu tellement mal à la nuque que j'ai rêvée que je faisait une méningite!!! Il s'agit d'un simple torticolis. Nous aurions mieux fait de nous taire....

Jours 11 et 12 : retour

Il est 22H30. Nous sommes parties à 10H de l'hôtel. Nous sommes maintenant à Bombay. Encore 12H avant d'être à Paris et il faudra encore plus de 3H avant d'être de retour dans le sud et serrer mes hommes dans mes bras! Soit, des heures de patience. L'aéroport de Katmandou: à l'image de la ville, part dans tous les sens, dans une grande désorganisation générale.  Nous faisons 3 fois la queue pour enregistrer nos bagages. Notre avion n'est jamais annoncé mais rien ne nous dit non plus qu'il est en retard. A y regarder de plus près, l'heure sur le billet ne correspond pas à l'heure prévue ni à celle affichée. Enfin, avec 2 heures de retard nous avons décollé. Magique la vue sur la chaîne de montagnes. Voler me fait très peur que c'est beau!
J'ai faim et soif, j'accueille avec soulagement le fait qu'un repas nous soit servi, vive le curry hyper épicé et le riz!
Je voulais voir Katmandou , Katmandou m'a étourdie, abasourdie. Cette ville est TROP, trop polluée, trop bruyante, trop sale, trop étonnante.

Le trek dans les montagnes était magique mais la route pour y accéder trop dangereuse.
L'ashram, une expérience si riche mais si déstabilisante.
Je termine ce voyage heureuse de l'avoir accompli. Curieuse de connaître le bouddhisme, le yoga au sens large du terme. Avec l'envie de laisser de la place à plus de spiritualité dans ma vie. Avec l'envie aussi confirmée que j'ai besoin de me rapprocher de la nature. Pourquoi pas une grande marche en famille dans les Cévennes? Comme mon père nous amenait avec ma sœur quand nous étions petites! Mais je n'ai plus envie de m'éloigner d'eux. Ma seule richesse, c'est ma famille. Je les aime, il me manque et je veux leur donner tout mon amour. Quand ils sont là il ne me manque rien d'essentiel. Mon essentiel, c'est eux.

Mon mari et mon fils m'ont fait la surprise de m'attendre à Paris! Ils sont devant moi dans le Hall 3 de la Gare de Lyon. Je serre mon fils tout contre moi. Les 3 heures à venir ne me portent plus peine ❤️.


FIN.



* Mange, prie, aime : Film de 2010 réalisé par R. Murphy avec Julia Roberts.
**Durbar square : Place centrale des anciennes villes royales du Népal.
***Masala chaï : boisson traditionnelle préparée à base de thé noir, de lait et infusée aux épices.

jeudi 1 mars 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - l'Ashram




Jour 6 : suite

Le trajet vers l'ashram est long, dangereux, éprouvant : accélérations, coups de frein, route cabossée, les frayeurs se succèdent. Nous terminons épuisées, éprouvées. L'arrivée est difficile. Nous sommes accueillies au Shanti yoga ashram par le guru* lui-même.


Nous ne comprenons pas grand chose à ce qu'il nous dit. Nous ne semblons pas attendues. Après quelques minutes nous sommes amenées à nos chambres, nous ne dormirons pas ensemble. Parfois, la chambre individuelle peut sembler un luxe mais là, j'aurai payé cher pour ne pas être seule, je ne me sens pas en sécurité. Ma chambre ressemble à une cellule de monastère humide avec une forte, très forte, odeur de moisi.Ma copine semble très mal à l'aise, je ne le suis pas beaucoup plus. Je culpabilise de l'avoir traînée là. L’endroit où nous sommes semble en travaux. On ne voit personne, cela m'inquiète. On nous indique que le repas aura lieu dans trois quart d'heure. Je me dis que si on ne croise personne au repas, nous repartirons. Mais le repas arrive et nous rencontrons tous les pensionnaires de l'ashram. Ils sont jeunes et viennent des quatre coins du monde : Australie, Lituanie, Belgique, Canada, Turquie...
Une fois encore, je regrette que mon anglais soit si mauvais mais j'essai vraiment de communiquer. Je ressens la perte de repères, l'insécurité, le sentiment de ne rien maîtriser et de s'en remettre à l'autre. Après les 7 ou 8 heures de trajet d'aujourd'hui, cela est difficile. Le repas est bon.


A 19h, chants! Assis en tailleur dans une petite pièce, nous chantons avec conviction des chants pour Shiva. Certains ferment les yeux, d'autres tapent dans les mains. On ressent une vraie conviction. Une sorte de communion aussi.


Ça y est, mon aventure commence! Je suis contente même si cela est très déstabilisant. En retournant dans ma petite chambre à l'odeur de moisi, je suis heureuse d'y trouver un peu de wifi et de pouvoir appeler les miens. Mon fils me semble avoir grandi, il parle mieux. Mon homme est souriant attentif, je les aime!!!!

Jour 7 : YOGA


Se concentrer sur sa respiration et la chaleur des rayons de soleil sur sa peau. Que suis-je venu chercher dans un ashram au Népal?
Hier soir, seule dans ma chambre humide, avec une énorme araignée comme unique compagnie, les mots prononcés par ma copine un peu plus tôt raisonnés en moi : "Pourquoi s'infliger ça?"
J'envoi des messages à mon mari mais de là où il est, il ne réglera pas mon problème d'araignée! Je consulte des forums sur internet au sujet des araignées népalaises. Bref, j'essai de me rassurer. Je m'enduis d'antimoustique et m'emmitoufle au maximum dans mon duvet. Je pense à la journée du lendemain en essayant de me convaincre que cela en vaut la peine. Je m'endors probablement shootée aux vapeurs de cinq sur cinq!

Vers 5h du matin, j'entend les cris de Gloria San, la professeur canadienne. Le chien de l'ashram est mort. Elle nous avait prévenu hier soir, qu'il était malade. La cloche qui indique le moment de se lever sonne plus tôt que prévu, une cérémonie est organisée pour les funérailles du chien. Nous n'osons pas y prendre part. Encore une fois, nous sommes un peu désorientées, perdues. Nous assistons au levée du Soleil, il y a une belle vue sur l’Himalaya et Katmandou.

Arrive enfin le moment du "training" matinal, cela fait au moins 2H30 que je suis réveillée. Le petit déjeuner ce sera pour après. La séance a lieu dans une grande salle entièrement vitrée en hauteur avec vue sur la chaîne de montagnes.

Elle est dirigée par trois futurs professeurs. Je me sens bien, je lâche prise, je ne comprend pas grand chose à ce qui est dit mais peu importe je profite de l'instant présent.

Le malaise revient lorsque la séance est terminée. Que faire? Comment trouver sa place, une fois que la bouillie qui faisait office de petit déjeuner est engloutie. Je propose à mon amie de partir un jour plus tôt, je ne sais pas si j'ai raison. Peut-être faudrait-il vivre plus longtemps à ce rythme étrange pour apprendre à l'apprécier? ou peut-être qu'il est inutile de s'infliger tout ça, de se bousculer autant.

Nous ne sommes pas si mal sur la terrasse au soleil à lire ou à écrire. Peut-être serions nous mieux à visiter des stupas**. Mais pour cela il faudrait remonter dans un taxi et j'y serais encore moins bien que dans ma chambre moisie avec araignée!

J'ai appris en partant très loin que je voulais être chez moi, avec les miens. Au mariage d'un couple d'amis le week-end précédent mon départ déjà, je l'avais pressenti. Appartenir à un endroit Avoir des liens solides, immuables avec sa famille, ses amis : c'est ça la vraie richesse. Etre"instable" comme je le suis parfois est une sorte de fuite. Toujours découvrir de nouveaux endroits, faire de nouvelles rencontres: c'est rassurant et plus facile. Pas besoin d'affronter les difficultés qui peuvent s'installer dans la durée. Tout beau, tout nouveau! Je vais affronter les difficultés car elles ne sont pas si grandes et que cela en vaut la peine. Je vais appeler ma famille et mes amis plus souvent. Etre plus nature, tomber le masque, cela doit être reposant. Ma priorité c'est ma famille avant tous les autres projets. Une famille a agrandir peut être? Aimer mieux ceux que j'aime vraiment.

Notre décision est prise, nous partirons demain matin. Une seule nuit supplémentaire dans la toute petite chambre humide, moisie, pleine de bêtes, avec les WC bouchés et sans douche sera suffisante. La décision prise, je ne suis pas pour autant soulagée. Il nous faut l'annoncer, en plus de nous n'avons pas de roupies népalaises pour payer, uniquement des euros. Nous devrons aussi nous assurer que l'hôtel aura une chambre de libre et qu'un taxi vienne nous chercher jusqu'à l'ashram : tout ça sans parler la langue et sans disposer de moyen de communication. Je suis tendue, comme toujours dans ce genre de situation, je déteste avoir à demander quelque chose... Et comme souvent ces angoisses s'avèrent infondées. Guillaume, qui seconde le guru est français!! Il ne fait aucune remarque lorsque nous lui annonçons le jour et l'heure de notre départ. Les euros ne lui posent pas plus de problème et il téléphone pour nous à l'hôtel et au taxi. Il me faut vraiment apprendre à demander et surtout accepter que si quelque fois on me répond négativement ce n'est pas grave, que cela ne mérite pas toutes les montées de pression que je m'inflige quand je suis contrainte de le faire. Ce moment, loin d'être pénible, a été l'occasion d'une discussion sur le yoga et l'ashram. Nous aurons même droit cette après-midi à une séance rien que pour nous et en français!!!

Ces deux heures de yoga et de médiation ont été exceptionnelles. Je retiens tout particulièrement les Om où mes vibrations semblaient à l'unisson avec celles de l'harmonium et de mon amie; de sorte que je ne savais plus ce qui sortait de moi ou venait de l’extérieur. Un vrai moment de connexion. L'autre moment qui m'a particulièrement marqué ce sont toutes les vibrations faites autour de moi alors que j'étais allongée, en pleine médiation. Ces gongs plus ou moins graves qui m'ont laissés comme enveloppée par les sons. Je ne regrette pas d'être passées par le Shanti Yoga Ashram!

Le repas chaud fait beaucoup de bien car nous sommes ressorties de la salle de pratique gelées. Pas de nouvelles séances pour nous ce soir car il s'agit de lectures complexes en anglais : nous sommes dispensées. Je suis un peu déçue mais nous ne sommes pas en reste. Demain matin, le guru nous préviens le niveau sera plus élevé!

Arrivée dans ma chambre, après cette expérience exceptionnelle, je ne regrette pourtant pas ce départ précoce car je sais que demain je pourrais prendre une douche chaude et dormir dans un chambre, certes bruyante, mais accueillante!

Il faut cependant que je poursuive dans cette voie. La méditation et le yoga me font du bien!

Jour 8 : DOUCHE




Réveil à 5h40 pour notre dernière séance de Yoga. C'est le guru qui la dirige. Nous assistons au levé du Soleil avant que celui-ci ne soit masqué par des nuages, il pleut. Je me sens vraiment bien là, comme à ma place. Lorsque le guru parle en anglais je ne comprends presque rien, qu'importe. Le début de séance ressemble aux précédentes, cela aide. Vient le moment de la salutation au Soleil : bras en l'air, on regarde en haut puis pencher en avant, sortir un pied le poser derrière et redresser le buste. Sortir l'autre pied et prendre la posture du chien tête en bas. Plier les avant-bras et poser le haut du torse afin de faire le cobra (je n'y arrive pas!). Retour en chien tête en bas, ramener un pied vers l'avant et se redresser, puis l'autre pied et se relever en amenant les bras au dessus de la tête et terminer en ramenant les bras en prière (mains jointes devant la poitrine).

On enchaîne ces postures un grand nombre de fois. La voix monocorde du guru est envoûtante. Il y a des variantes dans ce qui est dit. Il faut se concentrer sur différentes choses. A un moment il est question de couleurs : du vert, du bleu, du violet et même du jaune. Je pense que cela correspond aux chakras. Je me concentre même si je ne sais pas toujours bien sur quoi. Nous faisons ensuite la posture de l'arbre. Je n'arrive pas à amener mon pied au dessus du genou. Il faut en plus se pencher en avant puis se redresser. Ça devient difficile!
Les postures suivantes sont quasi-irréalisables à notre niveau : équilibre sur les mains, pont,...
Après un temps très (trop) court de médiation la séance s'arrête. Peut-être y a-t-il eu quelques chants, je ne sais plus. C'était il y a quelques heures et cela me parait déjà tellement loin.

Nous disposons de 20 minutes avant la cérémonie de remise de diplômes des futurs professeurs. On en profite pour faire nos sacs.

La cérémonie démarre par des discours, en anglais. Je me concentre afin d'en saisir le plus possible. Le discours d'un homme qui semble important m'interpelle. Il dit que ce siècle a vraiment besoin du yoga et de l'ouverture à l'autre qui va avec. Il semble penser que le yoga peut contribuer à la paix dans le monde. Les hommes, ici, y contribuent à leur façon en formant des hommes et des femmes, des disciples en somme,afin de répandre des messages de paix et d'amour dans tous les pays. Le yoga avec sa part de spiritualité serait-il une meilleure option que les religions et les guerre qui vont avec? Le yoga ne serait-il pas une religion sans Dieu? mais avec des rites semblables? Pour Guillaume, le yoga est à l'origine de toutes les religions et d'un grand nombre de pratiques religieuses.
Même si je ne comprend pas tout (et c'est peu de le dire), j'ai conscience que l'on me donne à voir une petite part d'un savoir ancestral et immense. C'est une opportunité unique. Des enfants participent à la cérémonie. Ils font partie de l'école ouverte par le guru où, en plus des matières traditionnelles, et pour une très grandes part, sont enseignés le Yoga et le sanskrit pendant 12 années. Ces enfants continueront ainsi à porter et transmettre ces savoirs. La célébration est gaie. Après les discours, chants, danses, démonstration de yoga se succèdent. Une élève belge chante une chanson qu'elle a composée pour l'occasion en s'accompagnant à la guitare. Sa chanson, en anglais, me touche : "Aujourd'hui, il y avait un ange sur ma route". Je suis bouleversée, j'en ai presque les larmes aux yeux., Gloria Sam elle pleure. Puis la remise des diplômes et les traditionnelles photos des diplômés : il y a des choses universelles!

Pour finir, tout le monde danse ensemble, même le guru, même nous qui n'étions jusque-là que spectateur.

C'est une façon joyeuse et parfaite de refermer la parenthèse ashram.



Je ne sais pas si je me mettrais vraiment au yoga en rentrant mais je laisse la fenêtre ouverte.

Après plus d'une heure à attendre le taxi (pendant qu'une nouvelle cérémonie est organisée pour le chien); nous voici de retour à Thamel. Nous avons cette fois droit à une chambre avec SDB et WC privatif, il y a une vraie douche avec de l'eau chaude, c'est Noël!



*guru : terme sanskrit qui signifie guide spirituel.
**stupa : monument bouddhiste.

mardi 13 février 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - Le treck - 2/2




J5 : MARCHES

Réveil trop tôt après une nuit sans sommeil. Quand j'ai demandé à Bichram en quel honneur était la fête de cette nuit, il m'a dit qu'il s'agissait simplement d'un pic-nique comme nous avions fait nous-même la veille, qu'il n'y avait pas de raison particulière. Pour ma part, je trouve que cela ressemblait plus à une "rave" qu'à un pic-nique, mais ça doit être une question de culture! Il reconnait tout de même qu'il fait froid, et que boire et danser les réchauffent. Nous, nous n'avons finalement pas eu froid, mais les boules kies n'ont pas suffit et nous n'avons pas ou très peu dormi.

En sortant dehors, bien emmitouflées, avec nos frontales, je suis optimiste, le ciel semble dégagé.


Nous attaquons les 400 mètres d'ascension vers Panchase Hill par une série de marches. Je prends ma ventoline avant de suffoquer. Ces fichues marches semblent ne pas avoir de fin. Ma copine semble avoir un peu de mal. Je lui propose de prendre son sac, comme elle l'a fait pour moi au premier jour. Elle refuse. Moi, je me sens comme une guerrière, c'est dur mais un pas après l'autre, on y arrive! J'ai vraiment trop chaud. On s'arrête ensemble pour enlever quelques couches, boire une gorgée. On repart. C'est dur mais ça va toujours, enfin, jusqu'à ce que ça n'aille plus. Je crois que je vais vomir. Je fais une pause, reprends une bouffée de ventoline. Un pas après l'autre, je vais y arriver. Ces marches n'ont-elle vraiment pas de fin? J'ai des haut-le-cœur, on me propose de l'eau mais ce n'est vraiment pas possible. Je vomis, je souffle, me remotive et reprends l'ascension.


J'arrive encore à me persuader, je suis forte, je ne vais pas abandonner. Je pense une nouvelle fois à Mike Horn, peut-être je souris. Chaque pas est difficile et me retourne le cœur. Mon amie semble s'éloigner. Je ralentis le groupe alors que je sens le soleil pointer le bout de son nez. Je vomis une nouvelle fois. Je perçois les nuages tout autour, nous ne pourrons donc surement pas voir ces fichus sommets. Je surprend mon amie en train de demander au guide si nous sommes presque arrivés, celui-ci réponds simplement "non". Je désespère, je suis déçue, je ne vais pas y arriver. Je ne veux pas que mon amie rate le lever du soleil par ma faute. A plusieurs reprises, j'articule avec difficulté de ne pas m'attendre mais ma demande semble vaine. Je demande si le retour se fait par le même chemin. Bichram me dit que oui. Je pourrai donc abandonner mais je n'ose pas le dire, je poursuis mon effort. J'entends les voix du reste du groupe, je reprend espoir. Ils sont à quelques marches, assis. Je m'écroule, on ne voit rien, trop de nuages...et je comprends qu'il ne s'agit en fait que d'une halte! Ma décision est prise, je les attendrai ici. Pourtant je ne dis rien et lorsque le guide dit "zamzam", je me relève et repars. Je suis à la tête du groupe, je vais y arriver et j'y arrive. Cette fois, nous y sommes. Assise, je reprends mon souffle, boit quelques gorgées, me change, je suis gelée, la transpiration dans mon dos me glace. Le soleil est là, au milieu des nuages, orangé. C'est beau mais il n'y a même pas un bout de montagne en vue!!!



Et puis si, nous discernons Annapurna Sud et Cul de poisson.



Mon portable ne me permet pas de prendre de belles photos, tant pis. Après un petit moment à contempler les sommets, il faut redescendre.  C'est plus facile mais il faut rester concentrée pour ne pas chuter et vers la fin, j'ai les jambes qui tremblotent! Lors de la descente, un ou deux autres sommets se dessinent. Des géants de plus de 8000 métres!

Assise devant mon petit déjeuner, je suis lessivée et dire que nous n'avons même pas entamer la marche de la journée... Bichram était prêt à repartir aussitôt mais nous avons le temps. Un rayon de soleil nous réchauffe. Je commande un deuxième thé. L'instant est paisible, nous sommes bien. 

Nous repartons. 


Il y a bien quelques marches sur notre parcours mais la balade est facile et pas trop longue jusqu'à Bhadaure. 



Nous avons une chambre que pour nous avec des WC et de l'eau! La douche chaude sur le pallier! Nous partageons une bière avec les deux couples suisses et pour le repas, des pâtes avec des œufs, je suis un peu lasse du Dal Bhat.

Mes hommes me manquent, aujourd'hui encore, pas de wifi, il faudra attendre demain. Je culpabilise de les avoir laissés. J'ai peur qu'ils croient que je les ai abandonnés. En même temps, j'aimerai qu'ils soient fier de moi, de ce que j'ai accompli en venant jusqu'ici. Je ne crois pas que je repartirai sans eux d'aussi tôt! Ce voyage est extraordinaire et je suis très heureuse de le partager avec ma copine mais c'est auprès d'eux et avec eux que je veux vivre les prochaines aventures. Simples, en accord avec les valeurs qui m'ont poussée à faire ce voyage : la pleine conscience, la slow life, la proximité de la nature...mais pour cela pas besoin d'aller au bout du monde. Des weekends à la campagne, du temps en Camargue ou des vacances en Corse... Il me tarde de les serrer dans mes bras : dans une semaine pile.

Nous nous sommes baladés avec Bichram et Biru dans le village. Nous avons débattu des habitudes culinaires de nos deux pays.


Ce soir nous avons goûté à une nouvelle spécialité : les momos! Il s'agit de raviolis vapeurs aux légumes en forme de demi-lune accompagnés de légumes plus relevés proposés à côté. Puis le devenu traditionnel, black thé.

Il est 20h, nous sommes couchées. Après un peu de lecture, il faudra dormir. Demain encore le réveil sonne tôt : 5h30.



J6 : ANNAPURNA

Le ciel est dégagé ce matin, dès les premiers pas; les géants sont là, devant nous!


Le paysage éclairé par les premières lueurs du jour est magnifique. Il fait bon, la marche est facile. Bien sûr, le nez coule un peu, le ventre gargouille, les mollets tirent mais la vue d'Annapurna II, IV, d'Annapurna Sud et de cul de poisson nous ravie. Mon amie ne s'arrête plus de prendre des photos. Moi, je souris seule. Contente de ce que je suis en train de vivre. Je pourrais rentrer là maintenant en France, comblée. 


Mais l'ashram tant espéré nous attend et avant lui, la route. 
Le trek est terminé, nous avons vu l'Himalaya.






Si vous avez raté le début du récit, retrouvez-le en cliquant sur les liens ci-dessous:

samedi 3 février 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - Le treck - 1/2



J3 : ZAMZAM

"On y va" en Népalais. Et oui, c'est parti! On attaque fort, des escaliers qui montent, qui montent, à un rythme rapide. Cela fait 5 minutes, j'étouffe déjà. Nous ne sommes pourtant qu'à 1500 mètres d'altitude! 30 minutes, je vomis. Les paysages sont magnifiques, des rizières en terrasse, mais je me demande si je n'ai pas vu trop grand. Si je vais être capable, si cette aventure n'est pas aussi déraisonnable que la fois où j'ai dévalé une montagne à vélo. Je pense à Mike Horn, je me dis que je n'ai pas le choix, que c'est une chance d'être ici et que je dois profiter!
Le rythme ralentis, je respire, ça y est, je suis vraiment partie. Nous ne croisons aucun touriste, juste quelques Gurung*. Nous discutons avec le guide. Nous croisons même une déesse!!!


Il s'agit d'un arbre vénéré par les bouddhistes de la région. Bichram et Biru sont de la même ethnie, de l'est de Katmandou. Ils sont bouddhistes et mange de la vache en cachette, sacrilège dans un pays où la moitié de la population est hindoue!
La fin de la ballade est relativement facile. nous arrivons là où nous dormirons ce soir. Il s'agit d'une petite chambre d'hôte dans la montage plus que d'un réel logement chez l'habitant mais l'endroit est charmant. Les femmes travaillent aux champs, en contre-bas. C'est très fleuri. Le soleil pointe le bout de son nez, il fait chaud.
Nous discutons en attendant le repas. Bichram est marié, il a un fils de 6 ou 7 ans, Alex. Biru est étudiant en droit, il a 25 ans. Bichram est fan de foot, il porte un maillot de l'euro 2016.
Le repas népalais qui nous est servi est très bon et même pas épicé.


Nous repartirons  balader vers 15H30. Pour l'instant nous profitons de cette halte, assise dans l'herbe au soleil. Le bruit des oiseaux et les voix d'hommes travaillant aux champs au loin nous parviennent. on entend même des cigales!


En traversant le village, on sais qu'on est au bout du monde. C'est de tout beauté. Les femmes dans les champs, des enfants qui jouent ou qui aident, à cette heure l'école est finie. Les visages sont souriants. Il y a une certaine gaieté dans l'air malgré le temps devenu nuageux. J'ai envie de tout prendre en photo, je regrette de n'avoir que mon portable, je me sens aussi un peu comme une intruse, légèrement mal à l'aise. J'essaie de garder en mémoire les clichés que j'aurais pu prendre.J'aimerais parler avec les gens, je n'ose pas plus. Etre là, dans ce monde qui n'est pas le mien, sans y avoir été invité, je ne veux surtout pas importuner. Les gens répondent pourtant très chaleureusement à mes "Namaste". Le guide pourrait traduire, il serait possible de ne pas être de simples spectateurs...je n'ose pas.

Cette journée est vraiment fabuleuse, tant les paysages et le village Gurung respire la sérénité, la beauté et le calme. Je me sent apaisée, dépaysée,  heureuse.

Des montagnes gigantesques nous entourent mais nous n'en voyons rien, trop de nuages...Demain, nous aurons peut-être plus de chance.

J4 : SANGSUES

Voilà l'événement le plus marquant de la journée, mais j'y reviendrai.

Le petit déjeuner nous est servi sur le toit terrasse au-dessus de notre chambre et de là, nous apercevons les sommets : Annapurna I et cul-de-poisson! Au moins, nous pourrons dire que nous les avons vus!!!



Dès le départ, la marche s'annonce difficile. Nous ne sommes plus seules, un autre groupe fait route avec nous. Il faut monter sans cesse et toujours ces marches qui se succèdent et qui ne semblent jamais finir. Nous pénétrons dans une forêt tropicale : humide, luxuriante, grandiose!!!


Bichram nous dit qu'il a prévu du gros sel pour les sangsues mais que nous ne devrions pas en croiser car ce n'est pas la saison! A partir de là, notre marche se fera au rythme des sangsues. Au départ, nous nous arrêtons beaucoup pour les faire tomber de nos chaussures, voir de nos pantalons mais nous comprenons vite que plus nous nous arrêtons, plus nous en avons!!! Voilà une bonne motivation pour opter pour une cadence élevée car même si ces petites bêtes ne sont pas bien impressionnantes, l'idée d'être attaquée par ces petits vampires ne m'emballe pas du tout! Et Biru qui marche en tongs! Aux montées, succèdent les descentes et ainsi de suite et toujours de longues portions avec marches! J'ai pris de la ventoline ce matin, je tiens mieux le choc mais il me semble que je dois être écarlate et que tout mon corps dégage une chaleur intense. Mon amie vient de se faire mordre, ça saigne beaucoup. Le gros sel est effectivement très efficace. Nous poursuivons. Nous marchons avec le groupe qui a dormi avec nous au refuge. Un temps je prends la tête de la marche : devant moi, la forêt vierge, je traverse une ou deux toiles d’araignée, je ne pense même pas à quelle genre d’araignée elles peuvent appartenir, une force me pousse à avancer, je suis fière d'être là. En même temps, les marches à gravir s’enchainent, je n'en peux plus, j'ai peur de ralentir le groupe. Je ne lâche rien, une nouvelle fois, je pense à Mike Horn.

Pause déjeuner dans une petite prairie. Le moment de repos fait du bien. Il fait bon, je profite de mon thermos de thé, nous nous allongeons un instant dans l'herbe fraîche. Le plus dur est derrière nous d'après le guide. Pour autant, l'après-midi est difficile. Mon sac me semble soudain très lourd. Il n'y a presque plus de marches mais le terrain n'est jamais plat. On entame une longue montée caillouteuse. A chaque virage, j'espère voir le bout de mon effort mais il faut toujours et encore mettre un pied devant l'autre. De sorte que l'arrivée s'avère presque magique!


Un drapeau bouddhiste flottant au vent marque le retour à la civilisation.Ce moment a une vraie valeur. En plus, l'endroit est vraiment charmant et nous sommes dans une chambre double, pas un dortoir.

 Je découvre les traces  d'une morsure de sangsue sous mon bras droit. Nous nous changeons vite pour des vêtements propres et secs. On découvre encore quelques sangsues sur et dans nos chaussures! mais très vite nous rechaussons et allons nous balader, il est très tôt, seulement 14h30-15h. Derrière le lodge "Happy Heart" de Panchase (2150 m), nous découvrons un coin étonnant, très vert, avec une grande mare. L'ambiance y est particulière avec la brume qui y règne. On pourrait se croire en Ecosse ou dans un film fantastique, il ne manque que quelques fées... Nous sommes seules. Je me dit que les quelques minutes passées là mérite à elles-seules le voyage accompli.


De retour à l'hôtel, un nouveau Dal bhat** nous attend. J'interroge Bichram, les népalais mangent-ils toujours le même plat? La réponse est oui, à quelques exceptions près. Des pommes de terre frites, des pâtes ou un plat de soupe, mais rarement. Du pop-corn à l'apéro!

De retour dans la chambre, nous réglons le réveil sur 4h45! Si le temps le veut bien, nous partirons demain à 5h avec nos frontales pour Panchase Hill (2550m) afin d'admirer la chaîne des Annapurnas au lever du Soleil. Je ne suis pas trop optimiste, mais j'espère.

Pour l'instant, il faut dormir. Il fait nuit noir, il est 19h30. L'humidité nous glace. Les matelas eux-mêmes sont humides, nos vêtements ne sèchent pas. La cabane, charmante, qui nous abrite laisse entrer le froid de toute part. Heureusement nous avons nos polaires et nos duvets.


*Gurung : ethnie tibéto-birmane himalayenne vivant principalement dans la région de Pokhara au Népal.
** Dal bahat : plat traditionnel népalais


mardi 9 janvier 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - La découverte -


J1 : L'IMMERSION

Encore quelques heures de vol et nous atterrissons à Katmandou. Arrivée sans encombre: obtention du visa, bagages récupérés, quelqu'un nous attend bien un panneau à la main ! La traversée de la ville est saisissante. Il y a des voitures partout, des scooters, des bus, des piétons. Il semble sans cesse que les collisions sont évitées de justesse. La ville est pauvre, cela se voit. L'air tellement poussiéreux et pollué, qu'il est d’emblée difficile de respirer, les yeux grattent. Des grappes de fils électriques encadrent les rues dans un désordre immense, masquant en partie les bâtiments et monuments. Le chauffeur ne trouve pas l'adresse, il téléphone maintenant en conduisant. A un moment, je ne peux retenir un "attention" mais nous arrivons finalement saines et sauves à l'hôtel. Après une bonne douche nous partons à la découverte de Thamel, le quartier touristique de Katmandou. Au détour d'une rue nous faisons connaissance avec Bishram, un étudiant-artiste en mandala. Il nous montre son école, nous présente son maître et ses travaux. Le maître nous explique en détail dans un anglais correct mais très rapide (je peine mais j'arrive à suivre!!! à ce moment là du voyage, je suis confiante et j'imagine que je vais comprendre assez aisément tout ce qui me sera dit!) la signification des mandalas. Nous apprenons que l'ignorance, la colère et le désir, représentés respectivement par un porc, un serpent et un coq, nous empêche d'atteindre le nirvana. Bishram sourit en me présentant son travail, il est fier.



J'ai vraiment envie d'être en contact avec les gens, faire des rencontres, discuter. Ici, on me fait une démonstration de bol chantant tibétain. Là, on me présente une étole en cachemire. Ailleurs encore, un marchant me parle de Montpellier en espérant me vendre du savon au lait de yak ou du thé masala.
Quelques roupies en poche, nous décidons d'aller manger. Difficile de choisir parmi une carte où aucun des intitulés n'évoque quoi que ce soit. Ma copine est à deux doigts de commander une pizza! Finalement, le serveur a du percevoir notre détresse car il nous amène une carte avec des photos (nous sommes dans le quartier à touristes!). Quand ma collègue a la bonne idée de commander de délicieux beignets de légumes, je fais l'erreur d'opter pour ce que je crois être des beignets de pommes de terre aux herbes. Il s'agit en réalité de pommes de terre épicées aux piments verts. J'ai chaud, j'ai soif, je ne peux raisonnablement pas manger ça! Il me faut absolument commander autre chose. On me prépare un nan* chaud, fabuleusement neutre!

Nous voilà de retour à l'hôtel, installées sur une petite terrasse, nous discutons. Je me retrouve à évoquer le travail, l'argent qui manque certains mois, les impôts. Je remonte en chambre avec une légère sensation de malaise... ces sujets sont à proscrire jusqu'à la fin des vacances (et peut être au-delà!). J'ai eu mes hommes au téléphone, j'ai pu les voir, vive la technologie moderne! Mon amie dort le temps que j'écris ces lignes. On est bien!

*nan : petit pain indien.

J2 : POKHARA

En surfant sur le net, je ne sais plus où, ni pourquoi, je suis tombée sur l'article d'un blog (à consulter ici) parlant d'une retraite dans un ashram de Pokhara. La photo montrait un lac, grand, paisible, au pied de l'Himalaya (enfin de la chaîne des Annapurnas pour être précis).  C'est cette photo,cet article qui est à l'origine de ce voyage.

En apercevant le lac, de la route, furtivement avant de pouvoir l'approcher, j'ai ressenti quelque chose que j'ai du mal à définir. Quelque chose de positif assurément.

Nous sommes parties ce matin avec Vichram, notre guide, et Biru, notre porteur. Le guide est a peine plus jeune que nous, peu bavard, il a un regard franc et rassurant. Le porteur me semble plus décalé, très fin, il porte une petite moustache et une veste. Durant les 6/7 heures de trajet, il s'est endormi deux fois sur mon épaule. Demain, il portera nos deux énormes sacs (du moins c'est ce que je pensais), alors je ne lui en veux pas.


La route est chaotique mais elle est belle. Nous avons mangé notre premier vrai repas népalais : du riz nature, des blettes, une sorte de soupe de lentilles et un curry de légumes. En terrasse, il faisait beau, un bon moment.
A l'arrivée à Pokhara, on nous a attribué par erreur la chambre du porteur et du guide. Petite, elle sent le renfermé, une fenêtre est cassée et les matelas ressemblent plus à des planches qu'à des lits. Lorsque que Vishram revient en s'excusant nous montrer notre réelle chambre, je suis contente bien qu'un peu mal à l'aise qu'ils récupèrent la notre. Nous décidons de sortir de suite voir le lac avant la nuit. Il est déjà presque 17h, il nous reste une petite heure. Le temps est nuageux. On aperçoit les montagnes par endroit au travers d'épais nuages blancs. J'espère que demain le ciel se dégagera.

Sur le lac, de nombreuses barques bleues attendent leur tour, une ou deux glissent sur l'eau, chargées de touristes probablement.




Ci et là, des chiens endormis, une vache. L'obscurité gagne. Nous, nous dirigeons vers la ville à la recherche d'un bar où boire un verre en attendant le repas. Nous repérons une terrasse charmante avec vue sur le lac. Prudente, je commande un ice-tea lemon.



Mon amie est plus aventurière sur ce coup, elle opte pour une boisson alcoolisée, pétillante qu'on ne connait pas. L'homme charmant prépare longuement nos boissons. Mon ice-tea est fait maison, je l'ai entendu presser le citron, il y a des glaçons dedans. Angoisse d’européenne, je ne veux pas d'une tourista avec moi pendant le treck. Je lui demande s'il a utilisé de l'eau en bouteille. Il me rassure. Dès qu'il a tourné le dos, j'enlève les glaçons puis je trempe les lèvres. La boisson me semble avoir un léger goût de terre. Impossible de la boire, j'ai trop peur... Nous repartons, vexant le marchant qui me montre sa cuisine et l'eau qu'il utilise pour prouver sa bonne foi, je le crois mais ne peut me résoudre à boire. Je m'excuse encore. Je suis mortifiée.

Nous mangeons une pizza avec un coca ce soir, nous nous rattraperons dès demain, chez l'habitant, il faudra bien manger ce qu'ils nous aurons préparés!

Il y a du wifi à l'hôtel, appel en visio à la maison, cela est rassurant et familier. Mon fils me montre ses progrès en coloriage, je suis fière de lui. Il me demande pourquoi je ne rentre pas ce soir, petite boule dans l'estomac. Qu'est-ce que je les aime tous les deux!

Ma copine se sent plus rassurée aujourd'hui, elle dort déjà comme un bébé. Moi, c'est l'inverse. Le fourmillement de Katmandou avait quelque chose d'enveloppant. A travers la fenêtre filtre un peu de lumière, le bruit d'une fontaine et de la musique indie. Je vais m'allonger et lire un peu avant de rejoindre les bras de Morphée.








lundi 8 janvier 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - Le départ -

Mon dernier article sur le blog a un an, j'ai du mal à le croire. Les publications Facebook et Instagram ont peu à peu remplacé les articles mais l'envie d'écrire, en ce jour pluvieux, me pousse à m'y remettre.

L'année 2017 m'aura permis de réaliser deux projets qui me tenaient à cœur : une première exposition et un voyage. C'est de cette deuxième aventure que je vais vous parler. Ecrire un récit de voyage me semble assez impudique bien qu'il ne tienne qu'à moi de choisir les sentiments et moments de vie que je vais partager. Cela va me permettre de me replonger dans ces vacances qui furent uniques pour bien des raisons. Alors je me lance aidée de ma mémoire, de mes photos et du carnet que j'ai tenu jour après jour.

Destination : NEPAL.

Dates de séjour : 24 octobre au 3 novembre 2017.




J-2 : NEPAL

Je suis dans le train qui m'amène à Paris où je rejoins la copine avec laquelle je vais vivre cette grande aventure. Mon sac à dos a été préparé minutieusement, il fait 10kg. J'ai ce carnet pour noter mes impressions, un portable et un petit appareil photo. J'ai rodé mes chaussures de marche cet été, emprunté à une amie baroudeuse le matériel qui me manquait. J'ai fait quelques minutes de yoga de temps à autre ces derniers mois. J'ai dessiné sur le tableau blanc de mon petit bonhomme le détail de mon voyage pour qu'il puisse me suivre jour par jour. J'ai dit à mon homme combien je l'aimais, je l'ai serré fort dans mes bras et je l'ai embrassé. Je porte le bracelet qu'il m'a offert ce matin. Je n'ai pas dit à mon fils combien il allait me manquer. J'ai caressé le chien. J'ai envoyé de petits messages à la famille et aux copines. J'ai même peint miss Fino en train de gravir une montagne népalaise... J'ai glissé des photos de ma petite famille dans ce carnet, vérifié mon passeport, mon billet, mon argent... J'ai enfilé ma tenue de trekkeuse, glissé mon magasine Flow dans mon sac avec quelques feutres... JE SUIS PRÊTE.



J-1 : S'ÉMERVEILLER

Aujourd'hui, j'ai vu des montagnes depuis le ciel. Prendre l'avion de jour s'est merveilleux (une fois l'angoisse du décollage passée ;-) ). Traverser les couches de nuages et s'élever jusqu'à reposer au dessus de cette épaisse couche cotonneuse. Et puis, lorsque les nuages se retirent, découvrir le spectacle saisissant de la Terre qui s'ouvre au dessous. Les grands plateaux qui semblent vierges, des sommets enneigés, les côtes et les lacs. Une ville de temps à autre. Le soleil est en train de se coucher, teintant l'horizon de rose et d'orangé. Il est 16h11, heure française. Je commence à percevoir le sens du mot décalage horaire.
Ce matin, le réveil a sonné à 6H45. Petit dej, douche (peut être la dernière avant un moment...), RER, arrivée à l'aéroport. Passage du contrôle de police : OK. Passage du contrôle sécurité : pas OK. Le sac de mon amie laisse penser aux agents de sécurité qu'il pourrait contenir une bombe, rien que ça! Ne pas mettre de petit réveil électronique entouré de fils avec des éléments métalliques dans son sac sous peine d'être retardé dans votre embarquement. Enfin, nous sommes arrivées sans grand mal jusque dans cet avion d'où je peux admirer par le hublot le crépuscule sur une mer de nuage!

Le survol de Bombay (MUMBAI) de nuit est grandiose, féérique, vraiment impressionnant. Les 8 heures d'escales dans l'aéroport, moins.

lundi 30 janvier 2017

L'art de tricoter (ou l'art de faire un tuto)


Une fois n'est pas coutume, je me lance dans un tuto : 
"Tricoter des chaussons pour les nuls"


Je me suis aidé pour tricoter ces jolis chaussons du tuto vidéo de Fadinou (à voir ici).

Je vais essayer de vous détailler au mieux les étapes mais si la novice que je suis y ait arrivé, tout le monde peut y arriver!

J'ai utilisé une laine fine avec des aiguilles 3 1/2. Le résultat est pour un bébé de 1-2 mois.

- Monter 33 mailles. Pour apprendre à monter ses mailles, je vous conseille les tutos de la Phil-academie (marque Phildar), ils sont très clairs et faciles à suivre.


- Rangs 1 et 2 : point mousse (ça veut dire tout à l'endroit!).

- Rang 3 : 1 maille à l'endroit - 1 augmentation (vive la phil'académie!)- 13 mailles à l'endroit - 1 augmentation- 1 maille- 1 augmentation - 13 mailles à l'endroit - 1 augmentation - 1 maille.

Ce qui donne en abrégé : 1M- 1A-13M-1A-1M-1A-13M-1A-1M

- Rang 4 : tout à l'endroit.

- Rang 5 :1M- 1A-15M-1A-1M-1A-15M-1A-1M


- Rang 6 : tout à l'endroit.


- Rang 7 :1M- 1A-17M-1A-1M-1A-17M-1A-1M


- Rang 8 : tout à l'endroit.

- Rang 9 : tout à l’envers.

- Rang 10 : tout à l'endroit.

- Rang 11 : tout à l’envers.

- Rang 12 : tout à l'endroit.

Résultat au 12e rang.


-Rang 13 : ça se complique!! A mon avis, la seule réelle difficulté est là.
Il faut récupérer les mailles du rang 8 sur une aiguille (une de plus!) et les tricoter avec le rang 12 tout à l'envers. Pour cela vous récupérer la maille du rang 12 sur l'aiguille libre, vous mettez la maille sur l'aiguille qui tient le rang 8 et vous tricoter 2 mailles ensemble. (J'espère que j'ai été claire....)

L'aiguille de droite tricote ensemble les mailles des deux aiguilles de gauche.

Le bourrelet se forme à droite (inversé sur la photo!)


A la fin vous devait avoir formé un petit bourrelet qui fera le tour de la semelle.

-Rang 14 à 19 : tout à l'endroit.

-Rang 20 : 18M- 2 ensembles (soit 1 Réduction)- 1M- 1R- 18M

- Rang 21: tout à l'endroit.

- Rang 22 : 16M- 1R-1M-1R-16M

- Rang 23: tout à l'endroit.

- Rang 24 : 14M- 1R-1M-1R-14M

- Rang 25: tout à l'endroit.

- Rang 26 : 12M- 1R-1M-1R-12M

- Rang 27: tout à l'endroit.

- Rang 28 : 10M- 1R-1M-1R-10M

- Rangs 29 à 43 : tout à l'endroit.

Résultat au 43e rang.


PREMIER PIED :

- Rang 44 : 19M - mettre les six dernières de côté (il faut les faire glisser sur une aiguille ou, plus pratique sur un "arrête-mailles" qui ressemble à une grande épingle à nourrice). 

- Rang 46 à 57 (soit 12 rangs) : tout à l'endroit.

- Rang 58 : rabattre les mailles (voir vidéo de la Phil'academie ou tenter de comprendre mon explication : tricoter deux mailles puis reprendre la première avec l'aiguille que vous tenez dans votre main gauche pour la faire passer sur la deuxième. Il doit ne vous rester qu'une seule maille sur l'aiguille de droite. Vous pouvez alors re-tricoter une maille, pour en avoir deux et refaire passer la première sur la deuxième et ainsi de suite...).

-Reprendre vos 6 mailles restantes.

- Ajouter 3 mailles et tricoter 12 rangs avant de rabattre.

DEUXIEME PIED  :

- Rang 44 : tricoter 6 mailles et mettre les autres en attente.

Vous pouvez voir l'arrête-mailles et l'augmentation de 3 rang sur le petit côté.


-Rang 45 : ajouter 3 mailles et tricoter 12 rangs avant de rabattre.

- Reprendre les mailles restantes, tricoter 12 rangs et rabattre.


Résultat avant assemblage.



En cours d'assemblage.


Il ne vous reste que l'assemblage à faire : il faut faire disparaître les morceau de laine en les glissant dans votre ouvrage avec une aiguille à laine. Puis coudre avec la même aiguille et le même fil les différentes parties du chausson. A vous de décorer le côté de la bottine à votre guise.




Vous voilà prêt à tricoter ces chaussons craquants et super faciles!


N'hésitez pas laisser un commentaire ;-)